Le nom de Scapin vient du verbe « échapper » et cela, le personnage ne l’oublie jamais. Valet, lui ? Peut-être par flemme napolitaine. Homme-orchestre, il tire les ficelles de ces marionnettes figées, ses maîtres, qui semblent suspendues à ses doigts. En deux coups de bâton, il rapetisse sa victime, en trois répliques, il fixe sa proie.
Coincé, il se dérobe par une pirouette et reparaît dans la peau d’un autre. Il invente, raisonne, improvise, ment, flagorne, bastonne, enseigne, fait le beau, fait le mort, ressuscite et disparaît.
Scapin est un personnage exceptionnel, et s’il est limité par son manque total de réflexion morale, il est loin cependant d’être une simple silhouette. Son ampleur dépasse le texte même, par ses multiples aspects, par ses contradictions inhérentes à sa condition de domestique et de meneur de jeu.